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(andrea) what a life

Alix Faure
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Alix Faure
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Petite fleur


Andrea & Alix

what a life


Les longues jambes battent paisiblement dans l’eau éclatante du jacuzzi, par un beau jour d'automne. Malgré les bruits de la ville, on peut entendre les cigales, mais elles sont loin, créant un bruit de fond apaisant pour Alix qui, accoudée au rebord chaud, face à la vue imprenable sur la Tour Eiffel, la tête dans les bras, observe de ses yeux bleus fatigués les nuages sans réellement les voir. Sa peau pâle bronze lentement au soleil tandis qu’elle sombre lentement mais sûrement. Pour la première fois depuis des mois, elle se sent détendue et en sécurité. Ici, rien ne peut lui arriver. Personne pour la regarder de travers alors qu’elle retourne à sa tente, vêtue d’une belle robe, d’une perruque très souvent blonde et maquillée, se disant qu’elle n’a rien à faire là, que sa vie devrait être dans un château. Et ce château, elle l’a trouvé, se dit-elle. Il n’est pas aussi grand que dans ses rêves, il n’est pas vraiment aussi ancien. Elle rêvait du château de la Belle aux bois dormants, elle a eu un château beaucoup plus moderne, affublé de deux femmes de ménage, une ribambelle de pièces à tel point qu’il n’est pas rare, depuis qu’elle est là, qu’elle s’y perde. Elle a aussi eu une poignée d'appartements tous plus luxueux les uns que les autres et c'est à la terrasse de l'un d'eux qu'elle se prélasse alors. A tel point que ses yeux se ferment enfin complètement, même si elle ne sombre pas dans un sommeil profond.

Et pour cause, un bruit la réveille en un sursaut. Un bruit doux mais qui fait vriller ses nerfs pas encore entièrement calmés de mois entiers vécus dans la rue. Une porte fenêtre qui s’ouvre. Elle relève la tête. Pendant un instant, ses yeux restent flous et distinguent vaguement une silhouette qui s’approche de la piscine. Avec un petit gémissement quasiment inaudible, elle se frotte les yeux dans l’espoir de se réveiller de son demi-sommeil. La silhouette devient alors beaucoup plus nette et son cœur rate un battement. C’est l’homme qui l’héberge, détenteur de ce grand manoir. Andrea. Un homme qui, malgré sa petite stature – quoi que face à elle, n’importe qui serait considéré comme petit – n’en reste pas moins imposant de prestance. Il dégage quelque chose qu’elle n’arrive pas à nommer, qui la touche, une douceur incomparable.

Leur rencontre a été irréelle pour la drag queen. Ils se sont croisés, puis leurs regards. Sans qu’elle comprenne bien pourquoi, il lui a proposé de la recueillir, de lui offrir une chambre, de quoi se doucher et manger, et dormir au chaud. Alix n’a pas demandé ce que cela lui coûterait. A ce moment précis, ce n’était pas important. Tout ce qu’elle voulait, c’était dormir. Elle qui avait passé des mois sans faire une nuit complète, avait dormi quasiment vingt heures la première nuit. Au réveil, elle avait paniqué, ne comprenant pas où elle se trouvait. Une vraie chambre, un lit plus que confortable, un oreiller paradisiaque. Le soleil frappait sur ses traits endormis. Malgré sa panique, elle était bel et bien seule dans sa chambre. Seule avec elle-même et le doux silence de la fin de journée. Elle avait aperçu Andrea par la fenêtre. Il était assis dans son jardin, journal en main. Il lui tournait le dos et lui avait ainsi permis de l’observer tout son soûl. Tout ce qu’elle avait pu apercevoir était des épaules carrées et des cheveux courts et grisonnants. Il ne l’avait pas remarquée. Durant les quelques jours qui avaient suivi, Alix avait évité son sauveur, pas par manque de reconnaissance mais par peur de ce qu’il pourrait lui demander en retour. Rien. Il ne lui avait rien demandé et, petit à petit, Alix avait pris ses aises à ses côtés.

Alors qu’il s’approche du bord du jacuzzi, Alix se redresse mais n’en sort pas. Si elle pouvait mourir dans ce jacuzzi, ce serait une très belle mort, se disait-elle souvent. Si elle se sent à son aise dans cette immense maison, elle n’en est pas moins rassurée quand Andrea est présent, comme s’il lui conférait une sorte de légitimité à y rester. A y vivre. Alors, dès qu’il entre dans la même pièce qu’elle, elle sent son cœur s’emballer, à la fois nerveuse et rassurée. D’ailleurs, elle a parfois du mal à savoir comment s’adresser à lui. Doit-elle le tutoyer, le vouvoyer ? Faire comme s’ils se connaissaient déjà ? Sont-ils déjà amis ? Perdue dans ses pensées, Alix ne revient à elle que lorsqu’elle aperçoit une paire de jambes apparaître dans son champ de vision. La drag queen cligne rapidement des yeux, effaçant le souvenir de sa vie dans la rue du bout des cils. Désolé. Tu m’as surpris. Elle prend appui sur un des genoux d’Andrea et se redresse, croisant son regard gris métallique. T’étais où, ce matin ? demande-t-elle avec une spontanéité dont elle ne serait même pas doutée elle-même.  
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Andrea Langlois DeRubercy
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Andrea Langlois DeRubercy
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what a life


Andrea avait perdu sa faculté à être un caméléon. Dans sa jeunesse, il pouvait sans problème passer pour un étudiant un peu bohème sans le sou avec ses chemises un peu trop larges pour lui qu’il adorait, ses pantalons chinés et surtout, son air à la fois doux et cynique. Quand on le voyait, on hésitait souvent être l’étudiant en philosophie ou l’apprenti journaliste mais jamais ô grand jamais n’avait-on pu imaginer le millionnaire excentrique habitant dans un cube de béton. Ce n’était plus possible. Sa richesse, il la portait sur la gueule et il était le premier à haïr ces gens qui portaient des chaines en or qui faisaient le triple de leurs poids, les voitures qui ressemblaient à des aliens, les gens qui pensaient sans doute que leur argent leur donnait le droit d’être malpoli, de répondre aux gens qui faisaient l’effort de bosser pour eux… Les costumes à quelques milliers d’euros, faits sur mesure et quand même engonçant sa silhouette, lui donnant des airs raides, inamicaux, inquisiteurs… Il était bien loin de tout ça.
S’il ne passait plus pour un étudiant (sans doute à cause de son âge…), il pouvait sans problème passer pour quelqu’un de relativement normal. Si le prix de sa tenue au complet se chiffrait sans doute dans les dizaines de milliers d’euros, quand on le croisait dans la rue on pensait surtout qu’il s’agissait là de quelqu’un ayant un sens certain du style ou tout simplement d’un homme s’apprêtant à se rendre au travail mais jamais ô grand jamais on pensait à croiser le fils Langlois De Rubercy dans une rue, comme ça, sans prévenir. On l’imaginait se déplacer avec 5 gardes du corps, au moins et surtout, dans une voiture blindée. Pas à pied, lunettes sur le crâne, les pans de son caban bougeaient au rythme de ses pas, le dos droit, la tête relevée, des heures et des heures de cours de bonne conduite pendant sa jeunesse. Il avait été élevé par les meilleurs professeurs et les meilleurs précepteurs et l’argent l’avait énormément aidé, il n’avait jamais vraiment eu à travailler de toute sa vie. La vie entière n’était qu’un grand terrain de jeu pour lui. Aucune somme n’était trop grande. Il aurait pu acheter Paris toute entière pour en faire un parc d’attraction s’il en avait eu envie… Mais Andrea n’était pas ce genre de personnes. Préférant mille fois faire la queue à la boulangerie qu’en construire une dans le hall de son immeuble juste pour lui.
Il avait parfois visité les hôtels privés de ses confrères, des gens avec qui il traitait parfois et découvert des choses motivées par l’argent auxquelles il n’aurait jamais pu penser. Des restaurants privés au lieu de cuisines, des balançoires de diamant, des animaux exotiques gardés en animaux de compagnie… Des actions motivées simplement parce que l’argent les rendait possible.
Après une matinée passée à l’Opera, c’est à sa petite boulangerie fétiche qu’il s’arrêta, bien loin des grandes frasques des beaux quartiers dans lesquels il allait bien finir par s’engouffrer. La boulangère le reconnaissant, depuis des années qu’il venait ici et comme à son habitude lui demanda des nouvelles de sa famille, de ses affaires. Et lui, répondit avec plaisir et son éternel air doux et calme qui ne semblait jamais le quitter.
Sac en kraft tenu par ses mains gantées de cuir, il s’engagea de nouveau dans les grandes artères de Paris, s’arrêtant quelques fois pour faire des photos avec certains fans, assez pour l’avoir reconnu en tout cas, lui qui faisait souvent la couverture de magazines comme une des plus grandes fortunes du monde et surtout comme une des personnalités les plus influentes mais qui préférait cent fois vivre dans l’ombre. De toutes les lèvres, de tous les discours, tout le monde avait toujours eu un mot pour Andrea. Oscar, César, remises de prix diverses et variées, tout le monde louait le bienfaiteur discret, le remerciait pour son temps, pour ses mots, pour son argent… Les raisons étaient nombreuses. Injectant des sommes astronomiques dans les projets auxquels il croyait, des projets qui lui rapportaient de l’argent, amour de l’art sous toutes ses formes, cultures impressionnantes, toujours en quête de nouveaux savoirs et de conversations éclairées.
Pourtant, c’est un tout autre monde qu’il retrouvait quand le portier lui ouvrit la porte de l’immeuble dans lequel il habitait, portier qu’il gratifia d’un sourire et d’un remerciement silencieux avant de se diriger vers l’ascenseur qu’on appela pour lui. S’il avait toujours été du genre à prendre les escaliers, sans doute qu’à son âge il n’aurait pas tenu la vingtaine d’étages, matins, midis, et soirs.
Son appartement était à son image. Grand, spacieux, léger, décoré avec goût, lumineux, chaleureux. Pas le genre à adorer le marbre, l’or et les diamants, planchant surtout sur du fonctionnel en s’autorisant tout de même quelques folies comme un jacuzzi sur sa terrasse, vue sur tout Paris dans lequel il la retrouva.
Sans doute qu’on aurait pu croire qu’il l’entretenait, que son geste n’avait été motivé que par un désir sexuel, que par une envie de nouveauté, que par un fétichisme mal placé, et il en avait cure. Jamais du genre à accorder de l’importance à ce qu’on pouvait penser ou dire de lui. Il l’avait trouvée un soir, sans doute exténuée, sans doute souffrant d’une sévère hypothermie et de quelques pensées noires qui ne l’auraient pas fait passer le mois, pas dans cet état.
Il lui avait offert un toit, une vraie chambre, ou plutôt une suite, qui fermait à clé. Un vrai lit, de vraies couvertures, de vrais repas, équilibrés, réguliers, un confort de vie certain et surtout, il lui avait offert du temps. C’était elle qui était venue vers lui.
Un sourire léger étira ses lèvres quand son regard croisa celui de la silhouette longiligne de la drag queen, retirant ses chaussures pour s’asseoir en tailleur au bord du jacuzzi, penchant la tête sur le côté, comme attendri
« Dehors. J’avais des contrats à signer, des détails à revoir pour les travaux d’agrandissements de l’hôpital… »
Désignant la table de la terrasse sur laquelle il mangeait souvent quand la météo l’en autorisait d’un geste du menton, il souffla
« Je suis passé à la boulangerie, je t’ai pris des viennoiseries, sers toi j’ai déjà déjeuné. »

 
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